Page d'accueil de "Les Observateurs" ce 13.12.2013

Page d’accueil de “Les Observateurs” ce 13.12.2013

À sa devise “Politiquement correct s’abstenir”, le média online de l’ancien professeur de sociologie des médias genevois Uli Windisch pourrait bien ajouter “Juridiquement correct s’abstenir”. Offrant une tribune très personnelle à son fondateur néo-conservateur ainsi qu’à une petite palette d’invités partageant sa ligne politique réactionnaire, dont Pascal Décaillet et Philippe Barraud, “Les Observateurs” joue un jeu ambigu puisqu’il se permet unilatéralement de copier, plusieurs fois par jour, des articles tirés de sites internets de médias francophones.

Un plagiat systématique

Ce vendredi 13 décembre 2013, quelle n’est pas la surprise du rédacteur en chef du HuffingtonPost.fr, Paul Ackermann (à suivre sur Twitter) de constater qu’un article de son média publié ce matin a été copié/collé sur le site du média genevois.

L'article du "HuffingtonPost" (à gauche) comparé à celui de "Les Observateurs" (à droite)

L’article du “HuffingtonPost” (à gauche) comparé à celui de “Les Observateurs” (à droite)

C’est l’occasion de constater que la très grande majorité des nouvelles publiées sur le site “Les Observateurs” sont de simples copies : seuls quelques articles identifiés avec un discret et peu courageux “La rédaction” semblent être du fait du site suisse, dont cette “rédaction” n’est d’ailleurs pas explicitée ! Rien que pour ce seul 13 décembre on dénombre un vingtaine de notes et 1055 articles pompés sur d’autres sites. Un petit tour sur Google nous montre assez rapidement que le spectre des victimes est aussi large que l’entier du paysage médiatique francophone en ligne. À noter que tous les articles ne sont pas plagiés de la même façon puisque dans le “flux” on trouve des milliers d’articles “automatisés” qui renvoient, après un court extrait, au site original alors que d’autres, à l’exemple de celui qui a attiré l’attention du Huffington Post, sont entièrement plagiés sans références !

Quelle déontologie journalistique ?

Cette forme de plagiat tombe sous le coup de la loi. Se pose dès lors la question de la responsabilité de l’éditeur principal, et seul mentionné dans les “à-propos” du site, Uli Windisch. Un professeur de sociologie (Université de Genève), spécialisé (vraiment?) en sciences de la communication et des médias ignore-t-il vraiment les bases de la déontologie ? Le seul échappatoire est peut-être de clamer que le site “Les Observateurs” se contente d’être un blog sans prétentions journalistiques, qui “re-bloguerait” des contenus diffusés gratuitement… mais avec son budget opaque à six (peut-être bien sept) chiffres (voir la vidéo RTS ci-dessous), cette explication ne semble pas tenable.

Au fait, la ligne éditoriale de “Les Observateurs” n’est-elle pas justement la critique de ces vilains-médias-qui-nous-mentent ?

[Mise à jour 13 décembre] La page copiée a été supprimées du site “Les Observateurs”. Visiblement, d’autres pages ont également été supprimées puisque des liens de la page d’accueil renvoient sur des erreurs 404.

[Mise à jour 14 décembre _1] “Les Observateurs” répondent à ce billet (voir commentaires ci-dessous) en invoquant une erreur technique. Leur réponse est rapidement rendue inaccessible, puis par la suite déplacée, retrouvez-là ici.

Un article supprimé, toujours indexé par les moteurs de recherche, et accessible grâce à leur "cache".

Un article supprimé aujourd’hui, toujours indexé par les moteurs de recherche, et accessible grâce à leur “cache”.

[Mise à jour 14 décembre _2] Il n’est désormais plus possible de remonter à plus de 4-5 pages de “flux” sur le site “Les Observateurs” (= env. 400 “articles”), alors qu’il était hier possible d’accéder à tous les “articles” du jour (preuve en est que j’avais remonté 11 pages pour compter les 1055 estampillés “13 décembre”, vendredi vers 14h00). Est-ce que tous les “articles” de flux antérieurs au 13 décembre ont été supprimés ? Cela est confirmé par les résultats de recherche Google qui renvoient vers des pages supprimées, mais toujours indexées et disponibles dans le cache de Google (exemple ci-contre). Autre nouveauté, chaque “article” du flux commence désormais par la mention de la source et se termine par un avertissement “Cet article est issu d’une reprise informatique…!

[Mise à jour 14 décembre _3] Dans une réponse plus circonstanciée (voir commentaire ci-dessous), “Les Observateurs” (non signé) expliquent leur fonctionnement vis-à-vis du “pompage” de flux comme une façon de rester un “observateur” des médias traditionnels. Reste à en expliquer l’aspect massif, ainsi que la plus-value réelle qu’apporte cette ligne éditoriale (et non en termes de référencement Google et augmentation artificielle du nombre de pages vues).

[Mise à jour 16 décembre] Mise en ligne d’une réponse de la part de “Les Observateurs” (toujours non signée, à croire que ce média est réellement complètement automatisé), qui montre, non sans humour, à quel point la théorie du complot est vivace au sein de la rédaction (à l’encontre des médias “mainstream” romands, persécuteurs de tous les instants) qui surréagit à trois tweets et témoigne des largesses financières de la holding de Tito Tettamanti qui finance un collaborateur pour passer le week-end à répondre à un vulgaire blogueur. [N.B.: à partir de maintenant, les commentaires de “Les Observateurs” ne seront plus validés ci-dessous que s’ils sont signés personnellement d’un membre avéré de la rédaction. La réponse en question reprend suffisamment ma biographie pour que mon interlocuteur en dévoile un peu de la sienne.]