Lettres de Guy de Pourtalès avec oblitération de la censure britannique - 1915.

Lettres de Guy de Pourtalès avec oblitération de la censure britannique – 1915.

1er août 1914: Les nouvelles politiques étant fort mauvaises, j’ai quitté Genève à 2 heures 28, ayant fait mes adieux à ma bien-aimée Hélène sur le quai de la gare…

Les premières lignes du “Journal de la Guerre” de l’écrivain suisse Guy de Pourtalès rappellent le ton de certains écrits de poilus. Mais bien que décrivant le même conflit et s’inscrivant dans le même genre que les journaux intimes de soldats, la guerre de Pourtalès n’est pas la guerre du soldat d’infanterie ou du sapeur-mineur. Naturalisé français quelques mois avant le début du conflit, issu d’une famille cosmopolite qui doit sa particule à la noblesse prussienne et dont plusieurs membres sont officiers dans l’armée allemande, Guy de Pourtalès va tirer parti de son statut particulier, de ses relations aristocratiques et de ses compétences linguistiques pour servir comme chauffeur puis comme interprète auprès des armées anglaises et américaines. Interface entre une brigade d’artillerie ou un hôpital de campagne britanniques et la population française puis intégré aux services de propagande, Pourtalès ne vit pas sous la tension du feu de l’ennemi mais dans le petit confort et le flegme des Etats-Majors. Autant de situations qui lui laissent le temps de tenir à jour un journal atypique dont la carte ci-dessous présente le déroulement temporel et géographique, mois après mois entre 1914 et 1919 :

GuydePourtalesJournaldelaGuerreCarte

Très variable, l’activité d’écriture de Guy de Pourtalès est directement proportionnelle avec l’intensité de son engagement : on observe en effet des pics d’activité lors de ses séjours à proximité du front alors que celle-ci se réduit lorsqu’il rejoint les services de propagande (point 10), laissant parfois de longs mois non documentés.

GuydePourtalesJournaldelaGuerre

Le “Journal de la Guerre” vient de paraître aux Editions Zoé, sous la direction de Stéphane Pétermann (CRLR UNIL). Je suis heureux d’avoir participé à l’établissement de ce texte en transcrivant le manuscrit de Guy de Pourtalès carnet après carnet, et espère que ses lecteurs auront du plaisir à découvrir cette face singulière du conflit.