BuyFollowersHeaderAussi (peu) étonnant que cela puisse paraître, dès que l’on dispose d’une information individuelle et chiffrée, celle-ci est érigée en outil de comparaison. Twitter, où le nombre de “followers” de chaque utilisateur est public, n’échappe pas à ce raisonnement fondamentalement humain et compréhensible. Ce qui l’est moins, c’est la tendance tout à fait répandue à travestir ces chiffres… en achetant des followers, par exemple.

Je me propose ici de faire la synthèse de trois articles publiés sur pegasusdata.com entre l’automne 2012 et l’hiver 2013, qui apportent un éclairage qui a l’avantage d’être complètement expérimental et non-interprétatif. On y analyse un processus, des résultats, sans porter de jugement de valeur sur le phénomène.

 Acheter des followers, c’est facile et pas cher

Lien vers l’article 1

Les offres pullulent sur des sites aux degrés de fréquentabilité divers, allant de $0.02ct à $0.15ct. Ici, on achète 30’000 followers pour $10, un prix dans le bas de la fourchette. La livraison intervient environ 24h après le paiement, quasiment d’un bloc puisque la presque totalité des followers achetés suivent le compte en l’espace de 15 minutes (14 followers par seconde, comme l’indique le graphique ci-contre).

Acheter des followers, ce n’est pas très fiable

Lien vers l’article 2

Deux semaines plus tard vient le temps du bilan. Celui-ci confirme les informations obtensibles de visu (comptes aux noms générés aléatoirement, photos de profile répliquées, nombre de followers minimal et comptes utilisés pour retweeter des “clients”) : non seulement les followers achetés sont robotisés, mais ils quittent le navire petit à petit ! Après deux semaines, la moitié des followers ne suivent plus ou ont été désactivés par Twitter (dont le nettoyage n’est pas toujours parfait, mais bien utile), après deux mois, les derniers robots ont définitivement disparu.

Acheter des followers, ça se voit !

FakeTwitterFollowersCelebrities2Lien vers l’article 3

L’expérience d’achat de followers a permis une analyse inédite de fakers.statuspeople, cet outil qui, sur la base de critères plus ou moins opaques, calcule un “score” de faux, inactifs et bons followers. Dans le cas étudié, le logiciel a fourni des résultats très proches de la réalité, à quasiment toutes les étapes de l’analyse.

Forts du constat que tous les utilisateurs peuvent être ainsi analysés, pourquoi ne pas regarder du côté de celles et ceux qui battent tous les trois jours les records de twitter-popularité ? Le résultat est mitigé : face à ces millions de comptes abonnés, difficile de conclure que les très mauvais scores de Barack Obama, Justin Bieber ou autres Lady Gaga soient (uniquement) dus à des achats massifs de fans.

D’expérience de twitter-crawler, on se rend compte qu’une bonne partie des comptes morts attachés à ces célébrités le sont en raison de leur statut de références. Lorsqu’on crée un compte, Twitter recommande une poignée d’utilisateurs “références” au nouvel arrivé. Pegasus Data a déjà eu l’occasion de constater que les comptes de grands médias romands sont plein de followers qui se sont abonnés au premier jour mais n’ont pas “croché” à Twitter par la suite, laissant leur compte à l’abandon. Il en va certainement de même pour les célébrités internationales.

Commentaire

Il est évident que tous les instruments de mesure et de détection des “fakes” n’empêcheront pas une majorité d’utilisateurs de se fier au premier abord au nombre absolu de “followers” d’un compte pour en juger la “popularité”. Il n’en demeure pas moins qu’il est étonnant que Twitter n’adopte pas une attitude proactive vis-à-vis de ce problème, tant la crédibilité d’un système est remise en question quand des pans entiers de son territoire virtuel n’est peuplé que par des comptes morts, promotionnels ou robotisés !